
Killing no murder |
Création 2010 |

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« La ruse de tyrans – d’abêtir leurs sujets- ne se peut pas connaître plus clairement que par ce que Cyrus fit envers les Lydiens, après qu’il se fut emparé de Sardis, la maîtresse ville de Lydie, et qu’il eut pris à merci Crésus, ce tant riche roi, et l’eut mené avec soi. On lui apporta nouvelles que les Sardains s’étaient révoltés. Il aurait pu bien vite les réduire sous sa main, mais, ne voulant ni mettre à sac une tant belle ville, ni être toujours en peine d’y tenir une armée pour la garder, il s’avisa d’un grand expédient pour s’en assurer : il y établit des bordels, des tavernes et jeux publics, et fit publier une ordonnance que les habitants eussent à s’y rendre. Il se trouva si bien de cette garnison que jamais après contrer les Lydiens ne fallut tirer un coup d’épée. Ces pauvres et misérables gens s’amusèrent à inventer toutes sortes de jeux, si bien que les Latins en ont tiré leur mot, et que ce nous appelons passe-temps, ils l’appellent lude (ludus), comme s’ils voulaient dire Lyde.
Les théâtres, les jeux, les farces, les spectacles de gladiateurs, les médailles, les tableaux et autres choses peu, c’étaient, aux peuples anciens, les appâts de la servitude, le prix de leur liberté, les outils de la tyrannie. Les anciens tyrans avaient ce moyen, cette pratique, ces allèchements pour endormir leurs sujets sous le joug. Ainsi les peuples abêtis, trouvant beaux ces passe-temps, amusés d’un vilain plaisir qui leur passait devant les yeux, s’accoutumaient à servir niaisement. » Etiennne de la Boétie, La servitude volontaire. |
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« Il ne suffit point de décréter les Droits des hommes ; il se pourra qu’un tyran s’élève et s’arme même de ces droits contre le peuple; et celui de tous les peuples le plus opprimé sera celui qui, par une tyrannie pleine de douceur, le serait au nom de ses propres droits. » Saint Just, 1793
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