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« Aucun de nous ne reviendra » est le titre du premier volume de la trilogie « Auschwitz et après », écrite par Charlotte Delbo entre 1945 et 1970. C’est l’impressionnant témoignage d'une déportée politique ayant survécu à 27 mois dans les camps d'extermination nazis. Entre dialogue, poèmes et récits, sans chronologie, ni tentative documentaire, l’œuvre projette une vision hallucinée des camps : elle transmet l'effroi et la hantise, mais aussi, au cœur de l’effroi, dans un même mouvement d’écriture, la vie et la beauté de vivre, rendues plus fantastiques et plus émouvantes que jamais. A la restitution des extraits choisis sont associées musique électroacoustique, scénographie et lumière, dans le but de créer un espace sonore et visuel allusif, « hanté » et quasi incantatoire. Un espace spectral, fait de fragments mémoriels (minéral, végétal, industriel) dans lequel surgissent les mots de Delbo, hantent ou réchauffent les sons et les musiques ; dans lequel vagabonde aussi le corps vivant, tantôt désœuvré, tantôt créatif, comme la fragile figure de ce que peut devenir l’existence dans la dévastation. Entre lecture spatialisée, installation plastique et oratorio, dans une temporalité mystérieusement dilatée, la représentation glisse vers une forme de poème philosophique qui nous parle de nous, nous indique la voie d’une appréhension possible et impossible de l’histoire. Car, depuis « Auschwitz » nous savons bien que c’est désormais là, dans cette douloureuse et tragique tension entre amour et abjection, que doit survivre l’humanité et qu’elle doit résister à la faillite de l’esprit.
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